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La treizième nuit et autres récits
Ichiyô HIGUCHI traduits du japonais et présentés par Claire DODANE
Publié le 9 janvier 2009 – Mis à jour le 14 janvier 2009
Il partit, le pousse-pousse vide derrière lui. Après avoir parcouru quelques mètres, il se retourna vers elle. Il allait vers l'est. Elle allait vers le sud. Sous le clair de lune, elle marchait abattue, seule dans la rue principale avec le frémissement des saules et le bruit sans force de ses socques de bois.
Les cinq nouvelles de ce recueil ont toutes l'éclat de la lune, symbole par excellence de la mélancolie au Japon. Il y est question de la précarité des êtres, des situations et des sentiments dans les quartiers pauvres de Tôkyô à l'aube du XXe siècle. L'œuvre de la romancière est cependant d'une telle intensité que l'émotion remonte à contre-courant de la tristesse, dans le sens de la vie.
Higuchi Ichiyô (1872-1896) représente aujourd'hui la littérature japonaise sur les billets de 5000 yen. C'est dire l'aura persistante de cette femme écrivain qui fut l'une des premières, dans le Japon moderne, à briser des siècles de silence féminin. Formée à la poésie dans son adolescence, mais devant exercer différentes activités (couture, blanchisserie, tenue d'une épicerie dans un quartier pauvre de Tôkyô) pour survivre et faire vivre sa sœur et sa mère, elle est reconnue pour son talent exceptionnel dès ses premiers écrits, notamment par le grand écrivain Mori Ôgai (1862-1922) qui voit en elle un « poète de génie ». Ses nouvelles, qui constituent en quelque sorte un pont entre la littérature classique et la littérature moderne, content dans une langue vivante et poétique la souffrance des individus pris dans le carcan des contraintes sociales du Japon moderne, celle des femmes en particulier. Higuchi Ichiyô est morte à l'âge de 24 ans, de la tuberculose, alors qu'elle était au sommet de la gloire. Elle laisse une vingtaine de nouvelles, toujours lues dans le Japon d'aujourd'hui en dépit de la difficulté de la langue, et un journal intime qui est tenu pour un modèle du genre. Elle est aujourd'hui considérée comme la plus grandes romancière japonaise moderne.
Claire Dodane est maître de conférences en littérature japonaise à l'Université Lyon-III. Après un séjour de 8 ans au Japon, pendant lequels elle rédige une thèse sur la poétesse Yosano Akiko (1878-1945), publiée en 2000 aux POF (et récompensée par le prix Shibusawa-Claudel 2000), elle a fait des femmes écrivains du Japon moderne sa spécialité.
Éditeur Les Belles Lettres - 186 p. (2008)
ISBN-10 2-251-72203-3 - ISBN-13 978-2-251-72203-0 - Prix 17,00 €
Renseignements : http://www.lesbelleslettres.com/livre/?GCOI=22510100924420
Mise à jour : 14 janvier 2009