Conférence | Le Brésil en connexion

Publié le 4 octobre 2024 Mis à jour le 11 octobre 2024

"Les exilées brésiliennes en France et le féminisme", Eurídice Figueiredo (Universidade Federal Fluminense)

On estime que la dictature brésilienne, qui a duré 21 ans, de 1964 à 1985, a provoqué l’exil de 5 000 à 10 000 personnes dont un groupe significatif est resté en France. Eurídice Figueiredo va présenter l’influence du mouvement féministe français sur les femmes exilées.

Dans les années 1970, il y a eu deux collectifs féministes créés par des exilées brésiliennes : le Círculo de Mulheres Brasileiras em Paris et le Grupo Latino-Americano de Mulheres em Paris que je vais appeler dorénavant de Cercle et de Groupe. Le Groupe a duré de 1972 à 1976 tandis que le Cercle a été actif de 1976 à 1979; le Groupe était moins lié aux organisations politiques que le Cercle, dans lequel il y avait beaucoup de militantes ou ex-militantes. Dans les deux collectifs, il est question de la situation des exilées, des difficultés d’adaptation, du manque de travail et d’argent. L’aspect positif de cet exil est que ces femmes ont découvert le féminisme français, alors en ébullition.
Le Groupe a publié un bulletin bilingue (portugais/espagnol), Nosotras, qui a eu 17 numéros ; sa figure de proue a été Danda Prado, fille de l’historien Caio Prado Júnior ; ils étaient liés au Parti Communiste. Danda avait rencontré Simone de Beauvoir au Brésil lors de son voyage avec Jean-Paul Sartre en 1960 ; en arrivant à Paris en 1970 et sans comprendre grand chose au mouvement féministe français, elle cherche Beauvoir, qui lui présente son assistante, Anne Zelensky, qui accompagnerait Danda dans les réunions sur la légalisation de l’avortement, la violence contre les femmes.

Memórias das mulheres do exílio (1980), livre organisé par Albertina de Oliveira Costa, Maria Teresa Porciúncula Moraes, Norma Marzola et Valentina da Rocha Lima, est un recueil de 32 témoignages de femmes, âgées de 13 à 60 ans; ce sont des histoires de vie de femmes qui habitaient à ce moment-là dans de différents pays après avoir passé par d’autres. Pour la plupart, elles vivaient à Paris, avaient été militantes, avaient été emprisonnées et torturées (ou non), d’autres accompagnaient leurs maris, victimes de la persécution politique. Les témoignages ont été cueillis en 1977 et 1978, donc dans les années qui ont précédé la loi de l’amnistie.

Contact :
Natalia Guerellus : natalia.guerellus@univ-lyon3.fr