ZHANG Rui est l’autrice d’une thèse sur le genre poétique du yuefu. Spécialiste de la Chine ancienne et travaillant dans une perspective interdisciplinaire associant histoire, littérature et sociologie culturelle, elle enseigne actuellement à l’ENS de LYON.

Dans le cadre de cette conférence, elle analyse la façon dont la poésie s’est imposée à la fois comme levier diplomatique, pratique sociale structurante et puissant vecteur de légitimation du pouvoir dans le monde chinois ancien.

Ainsi, elle met en lumière l’usage de la poésie comme outil d’influence et de négociation, notamment par le biais des échanges de vers et des citations allusives dans les contextes diplomatiques. Elle aborde également le rôle des poèmes dans la prophétie et l’anticipation politique : qu’il s’agisse de formuler des avertissements voilés à l’intention des souverains, de magnifier des règnes ou d’annoncer de futurs bouleversements, la parole poétique s’est souvent avérée un espace privilégié de discours à la fois cryptique et stratégique. En dernier lieu, elle analyse la manière dont cette forme d’expression, en apparence purement littéraire, contribuait à définir l’identité politique et morale des élites, forgeant ainsi un instrument clé de la construction identitaire dans la société chinoise.

En explorant ces dimensions trop souvent reléguées au second plan, cette communication contribue à enrichir notre compréhension du statut de la poésie dans la Chine ancienne, non seulement comme art esthétique, mais aussi comme acte politique à part entière, susceptible de faire vaciller un trône ou de consolider une dynastie.