Conférence dérapante : Une bête entre les lignes « L’Arche et la Scène ».
Entre les lignes de nos textes, de nos cultures et de nos vies, se glissent des bêtes – familières, indifférentes ou effroyables. Dans son essai de zoopoétique Une bête entre les lignes, Anne Simon aborde la richesse de nos relations aux animaux à travers les récits et les rêves des écrivains, mais aussi ces performances scéniques, poétiques ou narratives que sont la métamorphose et l’hybridité.
Dans L’animal que donc je suis, énumérant les animaux divers qui résistent à la catégorie réductrice d’« Animal », le philosophe Jacques Derrida écrit : « j’appelle Noé au secours pour n’oublier personne sur l’arche »… Après « Une bête entre les lignes » au Théâtre de la Reine Blanche (Paris, 2022), la conférence dérapante a été remaniée pour le colloque « Vers une cartographie sémiotique des usages du vocable SCÈNE(S) » qui se déroule à l’Université Jean Moulin Lyon 3 Manufacture les 10 et 11 mai 2023 : elle met désormais en relation l’espace de la scène et le motif de l’arche, caisse de survie sur laquelle embarquent humains et animaux au moment du déluge. Les comédiens, le musicien et la chercheuse déploient leur animalité pour rendre compte de l’animation primordiale du langage, de l’écriture et du poétique : du souffle de l’oralité à celui de la création, des corps mouvants des bêtes aux lettres vives de notre alphabet. La conférence alterne dès lors lectures sensibles, corps-à-corps, analyses scientifiques, performances zoomorphiques, dansantes et musicales pour inventer une nouvelle façon de mettre en scène le dialogue de la littérature, de la philosophie et de l’écologie.
Et si explorer charnellement les « livres-arches » de nos bibliothèques renouvelait notre entrelacement avec les autres vivants, nous permettant d’envisager autrement la scène des arts vivants et la transmission du savoir ?
Présentation des intervenants :
Anne Simon est directrice de recherche au CNRS et est rattachée au centre « République des Savoirs » à l’École normale supérieure (Paris). Elle y est responsable du Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine et de son carnet de recherche PhilOfr, du Pôle Proust et du carnet de zoopoétique Animots, dédié aux études animales littéraires et artistiques, dont elle a initié le développement. Spécialiste des « trafics » entre philosophie et littérature, elle s’attache aux dimensions poétiques, écologiques et politiques de l’animalité. Elle a notamment publié trois ouvrages sur Proust, ainsi qu’un essai de zoopoétique, Une bête entre les lignes (Wildproject, 2021).
Jade Duviquet et Cyril Casmèze –
Cie du Singe Debout
Ils mêlent leurs univers : elle, du théâtre et des lettres, lui, de la géographie et du cirque. De leur passion commune pour l’animalité et le vivant, ils créent la Compagnie du Singe Debout dans laquelle ils explorent la porosité entre animaux humains et animaux non humains, la métamorphose et l’hybridation. Depuis plus de 5 ans, ils créent et développent le concept de « Conférences dérapantes » : c’est bousculer le modèle traditionnel de la conférence pour artistiquement explorer et interroger notre relation au vivant en créant du sensible, de l’
in situ, de l’immédiat.
Michel Schick
Multi-instrumentiste et compositeur, Michel Schick est un coloriste qui explore le sensible. Le contre-chant onirique de ses clarinettes au son feutré est sa marque de fabrique. Créateur de projets (Les Enfants Des Autres, Horse Raddish, Fanfarinha...) ou fidèle compagnon de route de nombreux artistes (Ignatus, Aldona, Bertrand Belin, Cie Decouflé , Cie Oposito,... ). Son parcours est une aventure plurielle et singulière.
Maxime Tavard
Régie sons et lumières