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[CEL] Séminaire 6 de l'axe "Description et formalisation linguistique"
Le prochain séminaire de l'axe de recherche théorique "Description et formalisation linguistique" du Centre d’Études Linguistiques - Corpus, Discours et Sociétés se tiendra vendredi 8 novembre 2024.
L’identité et la politesse dans la culture vietnamienne à travers l’histoire de Tôi (je)
Danh Thành Do-Hurinville
La société vietnamienne, à l’instar des autres sociétés asiatiques, est considérée comme une « famille étendue », à orientation collective ou communautaire, par rapport à la société occidentale à orientation individuelle. À cet égard le vocabulaire vietnamien traduisant des liens de parenté est réexploité dans des relations sociales. À la différence du système français qui comporte des pronoms (je, tu, il, nous, vous, ils), le système vietnamien, quant à lui, est composé principalement de termes d’adresse, et non de pronoms. En considération de la hiérarchie familiale et sociétale, le locuteur doit se situer par rapport à son allocutaire pour se désigner de façon pertinente. Ainsi au sein d’une famille, a-t-on affaire à des termes d’adresse représentant le locuteur tels ông (grand-père) et bà (grand-mère) ; bố (père) et mẹ (mère) ; chú (oncle), cô (tante) ; anh (grand frère), chị (grande sœur), etc., face à cháu (neveu ou nièce), à con (enfant) ou à em (petit frère ou petite sœur) représentant l’allocutaire.
Cependant, cette proposition n’ayant aucune ambition de présenter le système des termes d’adresse en vietnamien, a pour objectif d’examiner la question d’identité et de politesse dans la culture vietnamienne à travers l’histoire du pronom tôi (je), dont le locuteur vietnamien se sert pour se nommer face à son allocutaire. Tôi (je) est le seul à neutraliser les connotations hiérarchiques et genrées, qui sont intrinsèquement intégrées dans les termes d’adresse ci-dessus, façonnés par la culture
hiérarchique confucéenne.
Cette communication permettra d’appréhender le lien intime entre une évolution sémantique et lexicale progressive, et une mutation culturelle profonde de l’identité de tôi qui, en tant que pronom personnel dégenré et dé-hiérarchisé, témoigne en effet de l’avènement d’une nouvelle vision du moi vietnamien, qu’on peut qualifier de « moderne » par rapport à une vision « traditionnelle ».
Informations
Salle de réunion de la Faculté des langues
1, avenue des Frères Lumière
69008 Lyon