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Journée d'études | Questionnements didactiques des sinogrammes : discours/pratiques, frontières/transferts, continuités/ruptures

Publié le 26 mars 2025 Mis à jour le 15 avril 2025

Le principe de cette manifestation scientifique est de réunir des acteurs de la recherche qui questionnent l'enseignement et l'apprentissage des sinogrammes dont le retour en grâce, après un XXe siècle délicat, en fait l'un des enjeux les plus importants de la didactique contemporaine pour de nouveaux publics de plus en plus importants : les apprenants allophones internationaux, ceux qui multiplient les contacts avec des langues sinogrammiques autres que celle(s) qu’ils étudient, etc. En outre, ces derniers sont de plus en plus nombreux au moment du double bouleversement des pratiques nationales d’apprentissage, dans un premier temps du fait de la place centrale des smartphones et plus généralement des saisies et lectures sur supports numériques, ainsi que dans un second, du fait de l’irruption de l’intelligence artificielle générative aussi bien dans la société qu’à l’école, et donc a fortiori pour les apprentissages à l’Université.

Après deux premières manifestations en 2012 et 2014 à l’Inalco, et avant une reconduction dix ans plus tard en décembre prochain, les organisateurs se proposent de partager en avant-première ces questionnements lors d’une rencontre lyonnaise, le 16 avril toute la journée, durant laquelle il s'agira de présenter à un large public l'état général de la recherche et l'avancement des travaux actuellement conduits en français, en donnant la parole aussi bien à des enseignants-chercheurs éprouvés qu'à de jeunes chercheurs travaillant spécifiquement sur ce thème.

Ces communications d'horizons disciplinaires différents mais complémentaires – sciences du langage, sciences sociales, arts graphiques, traitement automatique des langues, etc., – tâcheront d’aborder les langues sinogrammiques dans leur pluralité et d’offrir un regard croisé sur un questionnement didactique dont il n’est plus possible de faire l’économie dans le triple contexte de la globalisation et du retour des nationalismes, de la numérisation massive des pratiques, ainsi que celui de la présence de plus en plus marquée de l’IA générative.

Programme

9 :00 : Accueil des participants

9 :30  : Mot d'ouverture par M. le Doyen de la Faculté des langues, Alessandro MARTINI

9 :45 - 11 : 00
Patrick MAURUS, professeur émérite de l’Inalco, CERLOM, CRIC
Le sinogramme n'est pas seul

La marque des sinogrammes est la complexité. Le noyau conflictuel de ses représentations est « Compliqué donc intéressant » / « Compliqué donc inutile ». Il est ainsi un élément central de l’ensemble des représentations Asie / Orient. Ce qui fait de la didactique du chinois une didactique particulière.
Logocentrisme ? Les sinogrammes sont aussi un problème en Chine même. Questions des suppressions, des simplifications, des romanisations. Ce qui fait de la didactique du chinois une didactique particulière.
La diffusion d’une langue/écriture est étroitement dépendante de son acception par d’autres lieux. Comme les pays non sinophones mais appartenant au monde chinois. Comme la peinture ou la calligraphie. Ce qui fait de la didactique du chinois une didactique particulière.

11 : 00 – 12 : 00
Younès M’GHARI, doctorant en sciences du langage, CRLAO CNRS-EHESS-Inalco
Les « syllabes-caractères » dans l’apprentissage d’une langue non sinitique : approche morphologique pour l’appropriation du lexique sino-coréen

Alors que les mots sino-coréens (hanchaŏ, 漢字語) constituent l’essentiel du lexique en langue coréenne (par opposition aux mots dits « vernaculaires » koyuŏ, 固有語), la compétence des apprenants à identifier les syllabes sino-coréennes (ou « blocs », à l’écrit) en tant qu’unités de sens joue un rôle clé dans la compréhension et la mémorisation du vocabulaire.
S’il est possible, dans un premier temps, de se reposer sur la probabilité d’usage de tel ou tel caractère chinois porteur de sens derrière une syllabe (sans nécessairement en connaître la graphie d’origine) dans un mot donné – certains caractères étant lexicalement plus productifs que d’autres, tenir compte également des spécificités morphologiques du lexique sino-coréen (que ce dernier hérite de la syntaxe du chinois classique) permet d’affiner grandement son intuition, sa capacité à déchiffrer de nouveaux mots.

12 : 00 – 13 : 00
Linh CAUDRELIER, master d’études chinoises de l’université Jean Moulin Lyon 3
Questions de sinogrammes : quelles pratiques et quelles compétences en études culturelles au prisme d’un corpus d’épitaphes en Corée ?

Sur la base d’un terrain en Corée du Sud et la collecte de textes sur les pierres tombales contemporaines composées pour la plupart en sinogrammes, il s’agira de questionner les études culturelles et leurs limites au prisme des pratiques et des compétences des acteurs : celles des agents sur place, bien sûr, mais également de la jeune chercheuse sur le terrain. En effet, ces objets, situés en dehors du cadre sinophone contemporain, invitent à réfléchir à la manière dont nous définissons et traitons les matériaux dits « chinois » à un moment et dans un lieu précis : le moment où la technologie bouleverse l’accès aux textes ou encore l’interprétation de ces derniers ; depuis un département d’études chinoises fondé par le sinologue Maurice Courant, par ailleurs premier universitaire français traitant de la Corée.


13 : 00 – 14 :00 Pause déjeuner

14 : 00 – 15 : 00
Tom JEANTON, master d’études chinoises de l’université Jean Moulin Lyon 3
L’état de la recherche autour des pratiques d’écriture des sinogrammes chez les apprenants français du chinois langue étrangère (CLE)

L’intégration progressive des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE) en salle de classe de chinois langue étrangère (CLE) provoque de nombreux questionnements didactiques vis-à-vis des sinogrammes. Cette communication propose une analyse de l’état actuel de la recherche sur les pratiques d’écriture des caractères chinois dans un contexte universitaire français, en mettant en lumière les travaux majeurs. L’objectif est de comprendre les évolutions pédagogiques et d’identifier les enjeux didactiques actuels liés aux sinogrammes à l’ère numérique.

15 : 00 – 16 : 00
Guillaume CHIATELLO, master d’études japonaises de l’université Jean Moulin Lyon 3
Standards et jeux de caractères : enjeux techniques et identitaires
 

Le témoignage d’un fonctionnaire chargé de la numérisation des livrets de famille pendant une vingtaine d’années paru dans le journal japonais Asahi pointe un problème majeur dans l’état de la technologie qui limite l’expression des sinogrammes. En revenant aux bases des systèmes informatiques et en constatant notamment comment de simples 1 et 0 ont conditionné le développement des standards et jeux de caractères, le but est d’essayer d’identifier les facteurs identitaires et techniques derrière le développement et l’épanouissement des sinogrammes dans le paysage typographique de différents systèmes d’écriture.


16 : 00 – 16 : 15 Pause café

16 : 15 – 17 : 15
Louis LECAILLIEZ, chargé de cours à l’Inalco
Expliciter les transferts phonologiques et lexicaux entre langues sinogrammiques à l’aide du dictionnaire électronique Kyubiko

De nombreux locuteurs de langues chinoises (mandarin, cantonais, etc.) ou ayant empruntés son système d’écriture au chinois (langues sinoxéniques) apprennent une autre de ces langues. Un lexique important est partagé entre ces paires de langues, mais également une phonologie. Ces relations phonologiques sont toutefois masquées par les différentes écritures utilisées et l’absence de logique apparente lorsque étudié sous le prisme d’exemples isolés. Le dictionnaire Kyubiko multilingue rassemble du vocabulaire et en compare la prononciation. La comparaison est facilitée par l’utilisation de l’alphabet phonétique international, l’alignement et la coloration des phonèmes. Les correspondances entre langues sont systématisées avec pour objectif de permettre à l’apprenant de transférer son vocabulaire connu de manière plus efficiente.

17 : 15 – 18 : 15
Yoann GOUDIN, docteur en sciences du langage de l’Inalco, LIDILEM Université Grenoble Alpes
« Et pourtant [ça rime] », des paradigmes grammaticaux et didactiques dans l’appréhension de la grammatisation des sinogrammes

            La didactique entendue comme praxéologie intime une réflexivité qui la distingue de l’applicationnisme servile du moment. L’habitus à objectiver inclut donc aussi bien les biais scholastiques de l’enseignant-chercheur lui-même, qu’il enjoint de débusquer le « puzzle-solving » du paradigme de Thomas Kuhn dans la science normale, ou encore la Grammaire Latine Etendue de Sylvain Auroux dans le domaine de l’apprentissage-enseignement de la langue. Il s’agira ici de convier l’auditoire à un point d’observation depuis lequel requestionner ces pratiques avec le sinogramme en mandarin langue étrangère comme étude de cas. Cette communication s’attachera enfin, en tâchant de faire des liens avec les prises de parole précédentes, à mettre en lumière comment le propos tenu ci-dessus peut se traduire en classe.

18 : 15 – 18 : 30 Synthèse et clôture des travaux avant un pot amical

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